Le pari de la Commission féminine était simple, mais risqué : trouver une skipper propriétaire d’un voilier, mettre en relation 6 femmes licenciées dans des clubs de Nouvelle-Aquitaine disponibles et motivées pour participer à la première édition du Tour de la Charente-Maritime à la Voile.
Six femmes de 17 à 49 ans ont répondu à l’appel, avec des origines géographiques et des expériences de navigation différentes, mais une passion commune : la voile. Qu’elles la pratiquent en loisir ou en régate, depuis leur plus jeune âge ou depuis quelques mois, toutes ont trouvé leur place à bord et ont participé aux manœuvres.
Des inconnues au départ du Tour de Charente-Maritime à la Voile
Vanessa Godard (Régates de Royan), Salomé Faribault (CN Pyrénéen), Elodie Barquilla (SR Concarneau), Adélaïde Lerebours (SRR) et Gaëlle Ravenel (ASPTT La Rochelle) se sont rencontrées à la Rochelle, la veille du départ autour d’un verre. Quoi de plus convivial pour débuter l’aventure ? Une bonne ambiance s’installe entre les participantes, impatientes de débuter la régate.
Le départ a lieu mercredi 7 juillet. Une brise de 9,6 nœuds de secteur Ouest accompagne les 40 voiliers sur la ligne de départ, près de la bouée Ouest Minimes à La Rochelle. La ligne d’arrivée est mouillée face au port de Saint Martin de Ré.
A bord de Carlyssa V, l’équipe s’organise, chacune se positionne sur des postes précis : à la barre, aux écoutes, au génois, au spi, à la grand-voile. Vanessa la skipper et propriétaire du bateau est à la barre et à la tactique, tandis que Adélaïde, équipière la plus expérimentée, est également à la navigation et en soutien pour les manœuvres.
Deux jours de pétole et rigolade
Jeudi 8 juillet, le départ a lieu devant le port de Saint Martin de Ré par un petit vent de 5 à 6 nœuds de secteur Ouest. Le vent tombe et la majorité de la flotte n’a pas passé le Pont de Ré… Les organisateurs décident d’annuler la course. Les concurrents rejoignent le sud du pertuis à moteur, pour un départ sur un parcours proche de l’embouchure de la Charente. Le soleil et le vent sont au rendez-vous.
La remontée du fleuve est le meilleur souvenir de Salomé : « Nous avions le vent de face, il fallait tirer des bords toutes les 30 secondes, le paysage était magnifique. Je ne connaissais pas ce coin de Charente-Maritime ! Ce moment avait une belle dynamique et était plein d’entraide. »
Salomé est restée deux jours à bord et laisse sa place à Jeanne Portejoie (CV Bordeaux Lac) pour la fin de l’aventure.
Vendredi 9 juillet, la journée débute tôt avec le passage des portes du bassin à flots de Rochefort entre 5h00 et 5h30, suivi de la descente de la Charente. L’équipage 100% féminin de Nouvelle-Aquitaine s’est réveillé à 4h du matin et découvre la Charente-Maritime aux couleurs de l’aube. Mais il y a pétole pendant 4 heures.
Cependant cette journée a été le meilleur souvenir d’une grande partie de l’équipage, et pour cause ! L’ambiance à bord était à la rigolade et quitte à patienter, elles ont décidé de profiter de cette journée pour… se baigner ! En pleine régate ! Une équipière restait toujours à bord pendant que les autres se rafraichissaient, un moment ludique pour toutes.
La flotte a ensuite été rapatriée au moteur à un mille nautique de Saint Denis d’Oléron, pour un court parcours de 25 à 40 minutes de course afin d’accéder à l’entrée du port.
Samedi 10 juillet, c’est l’étape ayant la plus longue distance entre Saint Denis d’Oléron et Royan, contourner le mythique phare de Chassiron et longer la côté de l’île en direction de la bouée d’entrée de la Gironde, puis direction Royan. Le vent de 10 à 15 nœuds en fin de journée a permis aux concurrentes de vivre une belle finale. Vanessa nous raconte que « les conditions météo étaient top, avec du vent, il ne faisait pas très chaud. C’était un parcours long, qui a demandé beaucoup d’attention. En un mot, une vraie navigation ! ».
Une expérience enrichissante à tous points de vue
Les 6 co-équipières ont toutes vécues une belle expérience humaine et de navigation. La communication était très importante et facile à bord. Il y avait une entraide permanente et les moins expérimentées étaient très investies et volontaires.
Jeanne, arrivée au milieu de la régate à Rochefort, a été immédiatement intégrée. Avec ses études, elle pratique moins régulièrement. Cette « bouffée d’oxygène », comme elle l’a dit, lui a donné envie de naviguer plus souvent et de reprendre la régate en équipage.
Adélaïde, habituée à naviguer en soling, s’est prise au jeu de la régate en first 35.7 : « C’est stimulant, on est ravie de passer une bouée, d’avoir le bon cap. Certaines étaient impressionnées lors des départs, car les bateaux sont proches les uns des autres. »
Enfin, Vanessa soulève un véritable « enrichissement humain et nautique : humain par les différentes personnalités à bord et nautique car c’était un apprentissage pour chacune. C’est un milieu exigeant, c’est peut-être pour cela que c’est un milieu plus masculin que féminin. Mais c’est une passion et un état d’esprit avant tout. Tout est possible, il suffit de prendre de l’expérience et d’être connectée avec les éléments et la nature. »
Même si Carlyssa V n’est pas en tête du classement final, l’expérience est réussie : toutes souhaitent se remettre à la voile régulièrement, espèrent continuer la régate en équipage et ont des projets de navigation très prochainement.
Toutes les équipières remercient la commission féminine de la Ligue de Voile Nouvelle-Aquitaine pour cette initiative et son soutien.
Rendez-vous dimanche 18 juillet à Royan
Nous retrouvons d’ailleurs Vanessa Godard, ainsi que d’autres invitées, dimanche 18 juillet à 16h00 à Royan, lors de la table ronde organisée par la commission mixité de la FFVoile, dans le cadre du Tour Voile, sur deux thèmes :
- Retour d’expérience de l’équipage 100% féminin ayant participé au Tour de la Charente Maritime à la voile
- Le chemin vers la navigation en habitable menant à l’acquisition d’un voilier
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Rédactrice : Aurélie Lagaillarde
Photos : Antoine Petit et Elodie Barquilla
