Violette Dorange, son nom devient incontournable dans le monde de la course au large. A 20 ans, la jeune navigatrice n’a pas froid aux yeux et un avenir prometteur !

Quelques jours avant le départ de la Solitaire du Figaro, nous avons pu l’interviewer et revenir sur son parcours, sa passion, ses projets futurs.

 

Ligue de Voile Nouvelle-Aquitaine (LVNA) : Bonjour Violette ! Comment ça va ? Est-ce que tu peux commencer par te présenter s’il te plaît.

Violette Dorange : Bonjour, ça va très bien ! Alors pour commencer, j’ai 20 ans, je suis née à Rochefort, dans le département de la Charente-Maritime.

J’ai commencé la voile à 7 ans, en optimist, comme tout le monde ! J’en ai fait pendant 8 ans et découvert le milieu de la compétition avec ce support. En 2015, je finis 4ème au Championnat d’Europe Optimist.

Puis au lycée Dautat, j’intègre le Pôle Espoir de La Rochelle en 420. Dès le début avec ma coéquipière Camille Orion, on décroche des médailles aux championnats de France, d’Europe et le World Youth Sailing (Championnat du Monde Junior). On a vécu de belle expérience sur le 420 pendant 3 ans.

Après le lycée, ma coéquipière arrête la voile. De mon côté, je souhaite continuer mais hésite entre le 470 ou la course au large… Le large m’a toujours attiré, suite à mes défis personnels de la traversée de la Manche et du Detroit de Gibraltar en optimist. J’ai donc décidé de rejoindre ce milieu-là et de faire mes études en parallèle. Moins d’un an plus tard, j’ai traversé l’Atlantique en participant à la Mini Transat 6.50. J’ai su que j’étais sélectionnée deux semaines avant ! C’était ma première course au large, c’était dur mais j’ai adoré ; c’est le mental qui a pris le dessus. Puis j’ai fait la Solitaire du Figaro, c’est une très bonne course pour apprendre, elle est de haut niveau et connue pour cela. J’ai fait de ma passion mon métier.

Cette année j’ai fait la Transat en double avec Alan Roberts sur un figaro différent, et je continue à préparer les prochaines courses.

 

LVNA : Tu as essayé le solitaire et le double, que préfères-tu ?

Violette : Je préfère quand même naviguer en solo (rire), mais j’aime bien les deux. Naviguer en double c’est très intéressant, c’est l’occasion de partager et échanger sur nos façons de naviguer. J’ai beaucoup appris avec Alan durant la traversée. Naviguer en double a aussi un côté plus rassurant. Mais avec le solitaire, on se dépasse plus, c’est un challenge.

 

LVNA : Quel est ton ressenti après chaque course ?

Violette : Je suis surtout très fatiguée, j’ai mal partout et n’ai qu’une envie : prendre une douche et dormir ! On met du temps à récupérer un rythme. Maintenant, j’apprécie le confort lorsque je suis sur terre.  Quant à ma première pensée, c’est l’avenir : ce que je dois rectifier, etc.

 

LVNA : Pourquoi filmer et partager tes aventures ?

Violette : Je suis la génération réseaux sociaux, Youtube et Instagram. J’aime bien regarder les vidéos et il n’y a pas de navigateur sur Youtube, je suis la seule. C’est un moyen de communiquer pour les partenaires et de garder un souvenir de mes aventures. Les vidéos me permettent de montrer à mes proches et aux personnes qui me suivent ce qui se passe vraiment durant les courses. Car même si on en parle en interview à notre arrivée c’est différent. Cela me permet aussi de faire un bilan, un bon debrief de fin de course.

LVNA : Comment arrives-tu à lier tes études et la navigation ?

Violette : Je suis à l’INSA Rennes, où il y a une section sportive. Plusieurs marins sont déjà passés par cette école : Kévin Péponnet, Armel Le Cléac’h, François Gabart à Lyon… L’école sait bien s’adapter à notre rythme, on peut partir même pendant les partiels, il est possible de rattraper après. C’est tout de même compliqué car lorsque je rentre, je dois rattraper mon retard, je travaille en décaler des autres.

 

LVNA : Peux-tu nous parler de tes futurs projets ?

Violette : Dans quelques jours, je participe à la Solitaire du Figaro ; puis la Transat Jacques Vabre. Mon objectif est d’être sur la ligne de départ du Vendée Globe 2024 !

 

LVNA : Quels sont tes meilleurs souvenirs de voile ?

Violette : L’étape des championnats du monde Junior en Nouvelle Zélande, en 420, lorsqu’on a décroché la médaille de bronze avec Camille, alors que nous pratiquions sur ce support depuis seulement 1 an. C’était une expérience hors normes ! Un autre bon souvenir est le départ de la traversé de la Manche en optimist. On est parti tôt, vers 3h00 du matin, j’ai eu le lever du soleil sur l’eau, c’était magnifique. Le dernier meilleur moment, c’est lorsque je suis arrivée en Martinique durant la mini Transat, j’étais au-devant de mon bateau et j’ai assisté à une magnifique couché du soleil. A ce moment-là je me suis dit que j’avais de la chance d’être-là, j’étais simplement heureuse. La voile c’est une vraie passion pour moi.

 

LVNA : Peux-tu nous parler de la fondation Apprentis d’Auteuil, présente sur la grand voile de ton Figaro ?

Violette : C’est une association qui aide les personnes fragiles à s’intégrer dans la société, à prendre confiance en eux. Ils les aident à trouver une passion qui les motives au quotidien. Je suis allée dans les centres à leur rencontre, cela m’a énormément touché.
On travaille ensemble depuis 2 ans. Je les ai rencontré il y a quatre ans, ils m’ont demandé de parler d’eux, mais je ne savais pas comment les intégrer à ma pratique. C’est durant le confinement que j’ai pris le temps de réfléchir à un moyen de travailler ensemble. Le but est de parler d’eux, de les mettre en avant. L’objectif à long terme est de leur offrir une visibilité à 100% sur le bateau, c’est-à-dire mettre le bateau aux couleurs de l’association et que le projet soit financé par les partenaires. Cela est bénéfique pour tout le monde.

 

LVNA : As-tu un conseil à donner aux futurs marins ?

Violette : Il faut que ce soit une passion. Pour moi, c’est venu petit à petit au lycée. Il faut essayer, il y a toujours des solutions pour lier ses études et le sport. Il faut peut-être sacrifier quelques trucs. Mais si c’est une passion ou un rêve, il faut absolument essayer.

 

 

 Rédactrice : Claire Burel