Fanny Mevellec, médecin de l’Equipe de France de Voile Olympique, Médecin Généraliste et Médécin du Sport installée à La Rochelle, elle arpente les calles depuis de nombreuses années.

-Vous suivez les athlètes de haut-niveau sur des compétitions nationales et internationales ?
Oui les voileux naviguent partout dans le monde, cette année ça va commencer à Palma pour une régate où toute l’Equipe de France sera réunie, ensuite on sera à Hyères. Je suis sur les régates en fonction des périodes et de l’endroit, en général on réuni un maximum d’athlètes au même endroit. Je suis le plus souvent sur les régates où toute l’équipe de france est réunie. On fait des déplacements de 1 à 5 semaines par exemple cet été pour les JO de Tokyo.
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-Avez-vous étapes à suivre avant, pendant, après les compétitions?
Le coeur de mon métier c’est de bien les connaître, de savoir leurs antécédents, leurs points de faiblesses et de recréer, à l’extérieur lors des déplacements, un cabinet médicale comme à la maison.
Il faut pouvoir être nimporte où dans le monde et être autonome en médicaments et en traitements. Je pars avec une malle qui fait 23 kilos de médicaments et je suis complétement autonome à part pour l’imagerie médicale. Je devais gérer toute l’équipe des 34 présentes sur les JO.
Pendant les compétitions je reste à terre, à un point fixe, ils naviguent jamais tous ensemble en même temps et au même endroit, c’est donc plus facile que je sois posté sur la cale à un point fixe en cas d’accident.
J’ai aussi beaucoup travaillé sur la partie récupération avec de la cryothérapie, des bains froids, des bottes de pressothérapie.
L’idée était aussi d’avoir un lieu de récupération pour que les athlètes puissent se retrouver après les régates pour lâcher la pression, plaisanter entre eux et se détendre. C’est un endroit où les coachs n’ont pas accès en général.
C’est important pour moi de bien les aimer, puisque je suis là pour les aider et je suis là pour faire en sorte que ça aille mieux, le plus vite possible, dans une forme olympique !
 
 
-Quels sont les blessures les plus fréquentes que vous avez pu rencontrer ?
On a souvent des blessures courantes, il y a toujours de l’activité surtout dans des grosses compétitions comme les JO.
La voile jusqu’à présent n’était pas trop traumatogène, maintenant cela change avec les nouveaux supports, les IQFoil, les nacras et les kiteboards. Jusqu’à présent ils ont plutôt des pathologies chroniques, pour les laséristes, au niveau des chevilles ou des genoux à cause des mouvements répétitifs.
-Est-ce que vous voyez une évolution du nombre de blessures depuis l’utilisation des foils?
Jusqu’à présent on avait pas trop de traumastismes sévères et là avec la vitesse et les nouveaux supports on essaye de travailler pour mieux appréhender ces traumatismes. Souvent ce sont des blessures de sélérité à cause de leur vitesse ils peuvent se faire très mal. Une chute en foil peut faire ressentir un crash de 40 kms heures sur un mur, c’est pour cette raison qu’ils portent des casques, des gilets renforcés. Les foils sont fabriqués en carbone donc ça coupe très violemment, on se retrouve avec des plaies artérielles.
-Vous avez aussi un rôle préventif sur la pratique ?
Oui on travaille pour que le casque devienne obligatoire, pour que les combinaisons soient renforcées en kevlar au niveau des zones sensibles, au niveau des mollets et des cuisses.
-Est-ce que vous avez été impréssioné par des athlètes ?
J’adore les regarder, je m’en lasse pas, je les trouve impressionnants, c’est la crème des athlètes. quand ils partent sur l’eau j’ai peur pour eux quand il y a de la houle, mais ils sont magnifiques ! C’est un ballet, c’est très beau à regarder !
-Avez-vous une anecdote à raconter ?
Pendant les JO le public était interdit, c’est nous qui faisions les fans, on avait notre drapeau français sur la jetée et on chantait le plus fort possible pour qu’ils puissent nous entendre sur l’eau et on a mis tout notre coeur. L’idée était de chanter plus fort que les anglais, les néo-zélandais, d’être les meilleurs supporters pour eux ! J’ai de très bon souvenir de la médaille de Charline et de Thomas qui se sont succédées, c’était vraiment beaucoup d’émotions !
Merci Fanny pour cette super interview et surtout pour ton engagement auprès de nos athlètes !
                                                                                                                          Rédaction : Agathe RICAUD-DUSSARGET